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The Washington Post : les Chinois à la conquête du vignoble français
2009/7/15 0:00:00



Auteur: Edward Cody, correspondant du « Washington Post » à Paris



Il est peut-être difficile de trouver en France un autre endroit plus « authentiquement français » que le château de Richelieu.

Nommé premier ministre en 1924 par le Roi Louis treize, la Cardinal de Richelieu s'engagea sur trois fronts pour détruire le pouvoir politique des protestants, pour maîtriser la noblesse et pour amoindrir la puissance de l'Autriche et à sa mort survenue en 1642, il laissa une France plus étendue et plus puissante. C'est pourquoi il est considéré par les Français comme un grand homme. Il acheta en 1632 un domaine de 17 hectares entourés de 14 hectares de vigne dans lequel il fit construire un château qui devint par la suite l'une des premières propriétés de lui et de sa famille et où il y cacha sa favorite préférée. Des dizaines d'années plus tard le vin de Fronsac devint la boisson alcoolisée désignée des banquets royaux donnés au Château de Versailles sous le règne du Roi-Soleil Louis quatorze, ce qui fait que le vin sorti du vignoble du château de Richelieu devint le premier et le plus réputé des vins de toute la région.
 
Le temps s'écoule et les changements interviennent dans le monde comme dans la région de Fronsac. Le mois dernier, A & A International Group, un holding chinois basé à Hong Kong, a investi dans le Château de Richelieu, y compris le vignoble, Château Richelieu et La Favorite de Richelieu, la cuvée spéciale du domaine.
 
Cette transaction est la deuxième du genre à Bordeaux. En 2008, Longhai International Trading Co, une société chinoise de Qingdao, avait acheté Château Latour-Laguens, un domaine de l'appellation Bordeaux qui se trouve non éloigné du château de Richelieu. Puis, celle-ci a lancé un programme d'innovation d'un coût dépassant le million de dollars US qui a pour objectif d'améliorer la marque en la faisant passer du moyen standing au haut standing et de transformer le Château Latour-Laguens à un passé cinq fois séculaire en un endroit où les riches Chinois pourront organisé de merveilleux banquets de mariage.
 
Les spécialistes qui ont participé aux négociations de contrats ont indiqué que dans les deux cas, les investisseurs chinois recherchent « l'histoire, la tradition et le savoir-faire » français avec, en ligne de mire, le marché chinois où le vin devient la boisson à la mode des nouveaux-riches. Et d'ajouter que la nouvelle génération de jeunes riches industriels chinois vient en France dans le but de goûter et de savourer la tradition française et d'acquérir le patrimoine historique de la France.
 
« Le caractère familial du vin est considéré par eux comme le facteur le plus important. », a déclaré Sophie Roussov qui a été engagée comme spécialiste du vin rouge par Longhai International Trading Co qui l'a chargé de l'administration du château Latour-Laguens et de sa réforme. Et d'ajouter : « La raison pour laquelle les Chinois s'intéressent tellement à Latour-Laguens, c'est parce que le château a un passé qui remonte loin dans l'histoire. »
 
Pour ce qui est de ces deux transactions, les investisseurs chinois comptent vendre du vrai et réel vin Bordeaux aux nouveaux riches chinois qui s'intéressent à toutes les belles choses venues de l'étranger et qui ne regardent aucunement les prix. Selon les estimations des courtiers locaux, le coût d'acquisition atteindra plusieurs millions de dollars US.
 
Jusque-là, les investisseurs chinois n'ont pas suscité de réaction hostile de la part des producteurs de la région et sont d'autant mieux acceptés qu'ils recrutent des spécialistes locaux expérimentés pour gérer leurs affaires. Pour eux, les investisseurs et les consommateurs potentiels venus de la Chine leur ouvrent une belle perspective d'avenir, car les fonds et les capitaux qui afflueront dans la région permettront de la faire sortir du bourbier dans lequel elle s'était enfoncée en raison de la spéculation des prix excessifs, de la rude concurrence des nouveaux pays producteurs du vin et de la dépression de l'économie mondiale.
 
« La Chine c'est notre avenir. », déclare avec conviction Sophie Roussov.